Telegraph

Le temps d’un nouveau pop rock est-il venu ? A en croire Telegraph, il est déjà là ! Formé des cousins Julien [chant, guitare] et Matthieu Humez [guitare, chœurs] et de leur ami de longue date Maxime Fornareso [batterie, claviers, chœurs], il s’est fait une place sur la scène musicale à coup de mélodies imparables. Frisson pop entraînant à souhait, les chansons qu'ils ont sorties ces trois dernières années sont taillées pour l’écoute, la réécoute et l’époumonement jusqu'à la plainte pour tapage nocturne… au moins ! Compositions pop rock assumées, elles cumulent non seulement plus d’un million d'écoutes en streaming et 200 000 vues sur Youtube, mais sont aussi diffusées sur une centaine de radios – dont Virgin, Fip et OUI FM – et dans de nombreux cinémas aux quatre coins de la France !

Fans de musique plus que d’un style en particulier, les musiciens cultivent depuis toujours un goût pour l’éclectisme. Mais quand leur premier groupe de rock implose, ils font face à un dilemme : “A l’époque personne ne savait chanter,” confie Matthieu. “Julien et moi étions guitaristes et Max était batteur. On s’est d’abord demandé si on n’allait pas chercher un nouveau chanteur, mais ça allait sûrement poser les mêmes problèmes… alors Julien s’est lancé !” Frontman né, il met de la couleur grâce à la puissance de sa voix et son grain reconnaissable entre mille. Il ne leur reste plus qu’à trouver leur son !

En roadtrip le long de la côte ouest américaine, Telegraph s’immerge dans la Beat Culture et multiplie les rencontres inspirantes. Les idées fusent et les pages se noircissent. Du rock 'n roll à la musique urbaine en passant par la folk et l'electro, leur vision de la musique se précise au rythme de routes cahoteuses. Ils en tireront d'ailleurs deux chansons lumineuses : “Run With Wolves” et “Where Are We Now”. Chronique des origines de Telegraph mais aussi vision fantasmée de ce que doit être un groupe de rock, la première est rapidement diffusée sur plusieurs radios internationales et leur permet de se faire un nom. Quant à la seconde, elle s'inspire d'un ancien Marine croisé dans les forêts du parc national de Yosemite, dont la vie a été marquée de nombreuses épreuves, et laisse transparaître une nostalgie aussi dévastatrice que savamment addictive.

Par la suite, les trois frangins enregistrent “Broken Bones” dans leur studio flottant, avant de se rendre dans les Vosges pour réaliser un clip vidéo audacieux. Court-métrage signé LIXFE, il souligne le penchant du groupe pour le doux-amer et distille quelques indices croustillants à propos des morceaux suivants... Errance colorée entre rythmiques acoustiques et ambiances électroniques, elle pave la voie pour leur plus gros succès à ce jour : “Down in the River”.

Single lumineux, il brille par une production plus urbaine que ses prédécesseurs — et aussi plus ambitieuse. Parfait exemple d'un rock moderne conscient de ce qu'il doit au hip-hop et à l'électro, il repousse les frontières de la musique en se nourrissant d'autant d'influences que de cordes aux guitares du groupe... et plus encore ! “On a plein d’influences différentes et on ne se refuse rien,” précise Maxime. “L’idée est d’aller toujours plus loin, de nous surprendre nous-même. On est très attirés par les musiques cubaines, les percussions africaines, le rock old school... Ce sont autant de références qui nous inspirent au quotidien.” Accompagné par la chorale ADM Gospel, Telegraph présente un ballet vert-de gris aux envolées pop bien senties. Madeleine de Proust pleine de charme, elle regroupe toutes les influences du trio et parfait la douce désillusion caractéristique de ses chansons.

Regard critique sur l'état de la planète, “Down in the River” est aussi une revendication nécessaire et dans l’ère du temps. Mais si les trois musiciens s’interdisent toute forme d’insouciance et considèrent devoir être plus responsables que leurs parents ; ils tiennent à ne donner de leçons à personne et conservent un optimisme à toute épreuve. “Nos chansons ne parlent de révolutions que dans le sens positif du terme” conclut Julien.

Héraut tout désigné d'un pop rock résolument actuel, Telegraph est d'autant plus remarquable qu'il a fait son petit bonhomme de chemin seul, sur son propre label. Aujourd’hui accompagnés d’un distributeur international, les trois musiciens ont gardé leur indépendance et demeurent capitaine de leur navire. Menant leur péniche entre quatuor à cordes et recueil de nouvelles sagaces, ils se distinguent par une proposition artistique plus aboutie que nombre de trios, comme le montre leur premier EP. Composé de cinq titres tout en nostalgie ensoleillée, il brille non seulement par son exceptionnel potentiel radiophonique comme en témoigne “Simple Drive”, mais aussi son étonnante cohérence. Chacune des chansons est en effet bouffie d’espoir et vante la résistance de héros du quotidien avec force intelligence. Mélodies taillées au cordeau, elles incarnent l'essence d'un rock populaire, sincère et fédérateur.

À peine la première écoute achevée qu’elles semblent déjà exister de toute éternité. Mais ce ne sont pas leurs rythmiques affûtées qui nous transportent avec autant de facilité, c'est l'incroyable puissance du lien qui unit ses membres dans une même passion. L'émotion est palpable. C'est si évident que ça semble irréel. C’est Telegraph.